Leçon de grec, Charles Trenet et le jazz 12

On m’a forcé à apprendre CE grec, qui a failli me coûter l’obtention de l’horrible épouvantail appelé baccalauréat, lequel a gâché ma jeunesse et développé en moi une incurable angoisse, surajoutée à une sorte de « judische angst » slave. Ce grec ne m’a servi à rien. Les mathématiques élémentaires, sont une année perdue de somnolente improductivité. Je n’ai rien retenu de l’histoire de France et n’ai aimé la géographie que lorsque j’ai commencé à la vivre en voyageant intensément pour mon métier de photographe. 

Oublions physique et chimie amusante – Poum ! – Elève consciencieux, laborieux et médiocre je n’ai jamais eu le temps, ni le bonheur de lire, tout absorbé que j’étais à me bachotter moi-même, à apprendre comme un perroquet des trucs qui m’emmerdaient. Alors ?

Que ne m’a-t-on forcé, plutôt, à faire du piano alors que l’on m’a traîné au Festival de Salzbourg sous une pluie rituelle, mais affreuse, alors qu’il y avait un charmant pianola dans le salon de mon grand’père sur lequel je jouais « La belle de New-York », alors que je découvrais, avant l’arrivée salvatrice de Charles Trénet, le jazz grâce aux Brunswick, Parlophone et Decca, épais vinyles 78 tours de mon Père en dansant tout seul sur les musiques d’orchestres aux noms merveilleux : Fats Waller et les Chicago Rythm Kings, Jelly-Roll Morton and his Red Hot Peppers, Sydney Bechet (nom normand) and his New-Orleans Feet Warmers, Jimmy Lunceford and his Chickasaw Syncopators, tous ces géniaux Duke, Count, Earl et King et Cab zazouzay Calloway.

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